L'affaire Malberg: Salle d'audience

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Cela faisait un moment que l'annonce avait été faite sur le babillard. Il ne se passait pas grand chose dans la colonie ces temps-ci, alors il était normal qu'une histoire comme celle-ci puisse attirer les curieux.

Le premier curieux qui se pointa à la demeure de Peter-Aris Duval Nestorius était un Izuméen qui avait déjà commencé à se faire connaître en tant que noble; qui plus est, il avait même tendance à dire qu'il était la personne ressource pour quiconque d'Izuméen voulant se faire une place dans le monde.

Sa curiosité en était davantage augmentée par le simple fait qu'il s'agissait de «l'affaire Malberg». N'importe qui entrant dans la salle pouvait donc voir que Okido Kazuma était en première loge (en avant, au milieu) pour voir la suite des évènements. Il était d'avance, beaucoup d'avance.

Messages : 75 Date d'inscription : 31/01/2011

Malberg ne s'était pas fait attendre, mais ne s'était pas présenté à l'avance non plus. Dans les eaux des heures justes, il s'était avancé sans grande courtoisie dans la salle. L'aristocratie étant un monde qui lui était visiblement inconnu, même lorsqu'il était convié pour un tel événement, il ne manquait pas de porter sur lui ses attirails les plus fidèles: Armure, tabar, pavois et l'épée à la ceinture.

Il n'avait pas porté grande attention aux personnes qui étaient présentes pour assister avant de lancer de sa voix rauque et grave, presque en criant:

-Allez, mordiable, qu'on procède à votre façon et qu'on en finisse au plus vite.

La salle était divisé par deux rangés de bancs et au fond siégeait Peter-Aris Duval Nestorius qui était assis sur un siège remonté, derrière un bureau finement travaillé. Peu de gens étaient venus assister. Peter-Aris mettait de l'ordre dans ses papiers, lorsque Malberg entra. Il prit quelques instants pour regarder le tableau qui se dressait devant lui. Malberg représentait l'élément le plus dépareillé.

- Bien le bonjour Baron Heinrich Malberg! Ravi que vous ayez consenti à participer à cette audience. Puisque vous êtes désireux de classer cette affaire rapidement, j'éviterai de blablater trop longtemps. À l'annonce de cette audience, les autorités supérieurs de la colonie se sont mobilisées pour mettre en place un système de justice concret. Pour le moment, en tant que Grand Intendant d'Estos, je vous invite à me raconter les évènements conflictuels ayant survenu entre vous et la population native lors du banquet chez le Grand Intendant Fodashi. Par la suite, nous devrons voir à ce que justice vous soit rendu. La parole est à vous monsieur Malberg, et à vous seul!

Lorsqu'il eut fini de parler, le Compte Duval recula quelque peu sur son siège et plaça ses mains croisés devant lui pour montrer qu'il était attentif.

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Un signe de la tête finalisait les mots du comte, très simplement. Il reprit de cette même voix grave et rauque, dans un language qui s'apparentait à la vulgarité et dans lequel on pouvait aisément sentir le mépris.

Ça s'est passé lors des duels. J'ai mentionné que de pointer avec une arme lors des duels de touche pouvait être très dangereux - Parce que c'est bien ce que vous vouliez, bien que mes fils n'ont pas été entrainées comme des grandes folles, et l'autre folieuse a glissé un peu trop fort que ce serait dommage avec ironie.

Je me suis dressé avec l'arme à la main pour l'engueuler. Elle a insulté notre nom et porté atteinte à mon fils en souhaitant sa mort.

L'autre fille de pute s'est levée et m'a bousculée. Je n'ai pas eu assez d'élan pour lui arracher une jambe d'un coup bien placé, mais je l'ai saignée comme on saigne un porc.

L'Inquisiteur s'est jeté sur moi comme un diable et nous avons été séparés. Il a commencé à crier et à prendre la défense de ce tas de merde à deux pattes. Friedrich, mon second fils, s'est jeté le premier pour sauver l'honneur de notre famille et prendre l'Inquisiteur en duel.

Sa voix prenait pour un moment un ton plein de fierté, mettant de côté sa rancoeur pour souligner le moment.

Sacre-Dieu qu'il s'est bien battu. Il n'a pas gagné, mais ça lui fait de l'expérience à mon gaillard. Il n'a cessé de jurer d'un jour le vaincre en duel.

...

Je ne sais plus trop de quoi est-ce qu'on parlait, mais cette même putain a déclaré ouvertement qu'elle souhaitait ma mort et qu'elle l'aurait. L'instant d'après je lui tordais le cou. Alors qu'elle virait au bleu, elle s'est mise à me poignarder et nous avons été séparés à nouveau.

Et il n'avait pas manqué de mimer la gestuelle de l'étrangler avec ses mains, malgré le bouclier.

L'Inquisiteur s'est acharné sur notre cas, et il le paiera à la bonne heure, promesse de Malberg. Viendra un jour où l'un de mes fils lui filera une râclée qu'il n'est pas prêt d'oublier. Quant à cette sauvage, elle n'a toujours pas payé ses affronts.

Pour une telle offense, elle aurait perdu la tête sur le champ là d'où je viens, sur ma terre, là où l'on me connait et l'on me respecte à la hauteur de ce que je suis.

Il vient pointer Peter-Aris du doigt comme s'il le sermonait, le ton interdit.

Occupez-vous de vos chiens avant que moi je ne m'en charge. Je n'ai rien contre ces natifs, mais le premier qui viendra insulter mon nom ou celui d'Ishtar n'est pas mieux que mort, qu'il soit originaire d'ici, d'Estos ou d'Izumie. Si je la rencontre sur un champ de bataille, je vous jure que je n'en fais qu'une bouchée et que l'on entendra plus jamais parler de cette folle.

Et il baissait la main qui pointait, le visage dur et les traits sévères.

Alors que le Baron Heinrich Malberg finissait sa dernière phrase, un homme encapuchonné, assis au fond de la salle, se leva. Il portait un long manteau noir, très ample. Il se dirigea vers la sorti en laissant retombé sa capuche, laissant apercevoir une cicatrice à l'œil droit. Puis, il retira son manteau pour laissé entrevoir trois épées rouges sur une veste noir alors qu'il sortait. Il referma les portes qui firent entendre un léger grincement.

Assis sur sa chaise, Duval était pensif, essayant de prévoir les répercutions des décisions qu'il prendrait. Il regarda sa feuille le temps d'une seconde pour relire quelques répliques de Malberg, il la tassa et en prit une en dessous:

-Je prendrai donc à mon tour la parole en interdisant à quiconque de m'interrompre.

«Édouard Nestorius, présent Roi d'Estos, demande au Grand Intendant Peter-Aris Duval Nestorius d'établir des relations diplomatiques entre Estonois, Izuméens et Natifs. Il se devra de faire comprendre à la population que le Royaume ne souhaite pas entrer en guerre. La force doit être utilisée en dernier recours.» Puis, le Pape, lui-même, a donné des indications allant dans une direction similaire. Concernant les natifs ayant bafoué le nom de votre famille, je suis de tout cœur avec vous, une punition doit être appliqué, mais j'y reviendrai. Pour le moment, je veux que vous compreniez ce que l'Église et le Roi attendent de vous Baron Heinrich Malberg. Défendez votre honneur, vous n'êtes pas en faute, mais je vous prie de contrôler votre ardeur.

Ensuite, vous désirez être respecté à la hauteur de ce que vous êtes, ce qui va de soit, mais n'oublier pas qu'il y a des gens plus haut que vous Baron. L'Inquisiteur Ludovald Montfort occupe une place bien plus haute que vous Malberg et vous profanez publiquement des menaces à son insu. Si vous avez un quelconque problème avec Montfort, je vous propose d'en référer à l'Évèque. Puis, il y a moi monsieur Malberg. Moi, le Grand-Intendant d'Estos, de surcroît Compte et cousin du Roi! Je ne pourrai toléré encore que vous vous adressiez à moi avec le ton que vous avez prit en me pointant du doigt.

Finalement, pour punir les deux natifs vous ayant offensé, vous et votre famille, je propose la solution suivante. Vous aurez le droit de les provoquer en duel pour restaurer l'honneur de votre famille. Les natifs en question, tout comme vous, auront le droit de choisir un champion pour les représenter. Je vous laisse le soin des formalités. Si les natifs refusent le duel, ils auront deux options s'offrant à eux. La première étant de payer leur affront en recevant 10 coups de fouet ou bien de quitter la colonie en abandonnant leurs droits de citoyens et en être bannis à jamais.

Cela vous convient-il Baron Heinrich Malberg? Et avant que vous nous quittiez, j'ai une lettre à vous remettre.

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Il avait suivi du coin de l'oeil l'homme encapuchonné qui avait quitté la salle, puis s'était tourné pour bien écouter les paroles du Comte. Lorsqu'il eût terminé, c'est d'un rire gras et sincère qu'il lui répondit.

Ahah!

Mordiable!

Nous nous sommes bien mal compris, Intendant. Si l'Inquisiteur voit ce que je dis comme une offense, bien lui en fasse, c'est tout le mal que je lui souhaite. Guerroyer est un divertissement qui en vaut la peine, et je ne suis pas venu sur ce nouveau continent sans raison. Combattre est un plaisir, et j'eûs espéré qu'un homme tel que lui aurait pu voir la chose comme un loisir plus que comme une menace.

Je n'ai jamais perdu un combat singulier de toute ma vie. Si l'Inquisiteur se montre bel et bien capable de vaincre chacun de mes fils dans des duels - Des combats comme il s'en fait entre frère d'arme, alors je l'affronterai pour mettre à l'examen mes propres capacités et les siennes. Vous n'y comprendrez peut-être rien, mais je suis un homme né pour la guerre, et ce genre de divertissements me sont des plaisirs que j'aime partager avec des braves. Je ne m'étonnerais même pas d'avoir été baptisé dans le sang, Intendant.

Et puis c'est retenu, je prends note de votre sensibilité. Je ne voulais pas vous offenser, mais je devrai m'habituer à ce monde un peu plus fine gueule.

...

Ah, oui, et pour celles qui doivent être punies. Vous dites que votre mandat est de concilier les différentes nations. Il va de soit qu'il m'est possible de passer par-dessus toute cette histoire pour la "bonne cause"... Si bien entendu vous avez quelque chose à m'offrir pour alléger cette envie qui me démange de leur faire éclater la cervelle vite fait bien fait. Ce peut être dans l'ordre de cordées de bois, de bijoux, d'une certaine somme d'or, d'un repas de convenance, de nourriture... Voir même, vous connaissez sans doute déjà le plaisir que nous avons autour d'une barrique, et un échantillon de qualité de vos vignobles ou de votre malte pourrait être la bienvenue...

Sans quoi, nous pouvons y aller comme vous dites, mais quelque chose en moi me dit qu'elles n'accepteront pas un duel, ni de prendre un champion, et elles disparaitront dès que possible dans les bois.

Et soyons clair, Intendant, c'est dix coups de fouets chaque hein?

Il avait terminé sur une certaine bonne humeur, malgré l'air sévère qui lui tailladait le visage comme à l'habitude.

C'est d'un air plus décontracté que Duval reprit la parole.

À la bonheur! Je crois que nous en sommes venu à bien nous comprendre monsieur le Baron. Bien entendu, lorsque je l'ai mentionné, il s'agissait de dix coups de fouet chaque, mais vous me feriez vraiment une fleur de passer outre cette histoire. Bien évidemment, la colonie d'Harald saura vous en être reconnaissant. Laissez moi seulement un peu de temps pour voir ce que l'on peut faire pour vous.

Alors je crois que nous avons fait le tour de la question. À moins d'une quelconque objection, je vais clore cette session! Monsieur Heinrich Malbegr, je vous remercie au nom du Roi Édouard Nestorius!

Puis, il tendit une enveloppe au Baron tout en scrutant la salle d'un air désintéressé pour voir si quelqu'un désirait se prononcer.

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Dieu vous bénisse vous et votre famille, Intendant.

Il inclina la tête avec respect tout en s'approchant pour venir se saisir de la lettre tendue. Sur le pas de son départ, il s'arrêta et tourna vers lui de nouveau pour reprendre sur un ton solennel.

Bien que la chose m'a semblée déjà évidente, je souhaite mettre mes gaillards et mon propre bras au service de Sa Majesté.

À en voir l'espèce de garde de femmelettes que vous avez et qui se pisse dessus dès qu'on lève le ton, j'ose espérer que vous allez prendre cette occasion en or et nous offrir des postes à la hauteur de nos faits d'armes. Il va de soit que je n'accepterais pas d'être au même échelon que mes fils - Du moins pas au départ, vous en comprennez la raison.

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- ''Attendez un instant.''

Okido Kazuma, le seul qui semblait vraiment vouloir se prononcer dans la salle, venait de prononcer ses premières paroles depuis son entrée dans la salle. Bien qu'il soit resté aussi longtemps sans mot, il n'en était qu'une question de politesse et de courtoisie, car Okido Kazuma avait bien écouté l'audience avec attention. Maintenant qu'il y avait place à intervention du public, Kazuma voulait éclairer un point qui le titillait. Il eut un petit sourire à l'idée que Malberg puisse pousser un autre excès de colère qui faisait de lui un homme si «humain», puis repris un air sérieux pour énoncer son point, lorsque l'intendant lui aurait, bien entendu, donné le droit de parole.

- ''Si j'ai bien compris, vous êtes en train de dire que Malberg aura une compensation matérielle pour passer outre cette histoire? Sauf votre respect, Monsieur l'Intendant Duval, permettez-moi de m'indigner devant cet accommodement. Je suis bien d'accord que Monsieur le Baron Malberg et vous-même, Monsieur l'Intendant Duval, passiez par-dessus cette histoire et qu'il n'y aie aucunes représailles ni pour Monsieur le Baron, ni pour la Native impliquée. Toutefois, le point est là: l'acte posé par Monsieur Malberg aurait pu mettre en danger le traité que nous tentions de signer avec les Natifs.''

Se levant tranquillement si Monsieur Duval le lui permettait, Okido Kazuma continua sur son point.

- ''Donc, en partant du fait que son acte ait été bien plus près d'un acte négatif pour la Colonie qu'il a été près d'un acte positif, je trouverais douteux, voir même outrageux, qu'une compensation matérielle; qu'elle soit monétaire ou sous forme de ressources ou de vin, lui soit versé pour avoir mal agis. N'est-ce pas un mauvais exemple à donner à la Colonie? Certains pourraient même plaider au favoritisme racial, Monsieur l'Intendant.''

Kazuma se replaça une mèche de cheveux en faisant une légère pause; tic qui lui était très commun, et termina sa lancée.

- ''Puisque je suis un homme de pardon et que j'ai à coeur le bien de la Colonie, je trouve qu'il est bien souhaitable de faire une croix sur cette histoire, mais de là à ce que Monsieur le Baron Malberg ait droit à une récompense pour cet acte, je suis contre cette idée.''

Kazuma gardait ses yeux autant sur l'Intendant que sur Malberg, mais était curieux de voir s'il serait le seul de la salle à penser cela. Il attendit patiemment les réactions.

C'est d'un air outré que Peter-Aris écouta les paroles de l'Izuméen devan lui.

-Qui êtes-vous donc Monsieur pour oser proférer de telles accusations? Tenir un tel discours devant public est inacceptable! Laissez moi vous rappeler que cette affaire aurait pu prendre des proportions beaucoup plus énorme et que l'honorable Baron Heinrich Malberg a plier sur lui-même pour le bien commun que nos deux peuples désirent prêcher!

Vous dites que l'acte de Monsieur Malberg aurait pu mettre en danger le traité que nous tentions de signer avec les Natifs, mais je ne me souviens pas vous avoir vu essayer de parlementer avec eux. De plus, vous avez l'audace de pointer du doigt un homme qui a voulu défendre son honneur et sa famille en le traitant de mauvais exemple!

À l'avenir tenez votre langue sale dans vos poches! VOUS monsieur êtes sur le point de causer ce que l'on pourrait nommer «un incident diplomatique». Quittez ma demeure sur le champ... avait-il prononcé d'un ton autoritaire, mais calme. Cette séance est terminé.

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Okido Kazuma resta figé devant l'emportement de l'Intendant. N'importe quel homme dans la posture de Kazuma aurait pu avoir une montée de colère ou se sentir extrêmement insulté par ces propos odieux. Toutefois, il s'agissait d'Okido Kazuma. Le noble Izuméen ne montra aucune colère, et n'en ressentait vraiment aucune. En fait, Kazuma jubilait à l'intérieur, dans ses pensées, bien que cela ne paraissait pas vraiment à l'extérieur.

Pensées: * Ah, vraiment, Monsieur le Grand-Intendant? Il vous en prend si peu pour sortir de vos gonds? Vous êtes si protecteur de vos Estonois que vous vous mettriez à dos un Izuméen pour si peu? Vous manquez tellement de confiance en vous qu'il vous faut avoir l'air impressionnant devant les autres nobles pour paraître plus grand? Intéressant, vous m'en apprenez beaucoup sur vous même en si peu, Monsieur l'Intendant, en si peu... *

Ces pensées sont le genre de chose qu'il aurait très bien dit à l'Intendant Duval, si ce n'avait été de la présence d'autres personnes dans la salle que Duval, Malberg et lui-même, comme le Grand-Intendant Izuméen Fodashi.

À la place de toute cela, après être resté un moment figé et s'être formé une barrière psychologique contre toute autre attaque verbale envers sa personne de la part des deux Estonois, Kazuma eut un sourire tout en regardant Duval, visiblement content.

- ''J'agirai selon vos désirs, Monsieur le Grand-Intendant Duval, milles excuses pour l'affront.''

Puis, il se retourna, et se dirigea, calmement et la tête haute, vers la porte de la maison de Duval. Si il y avait une chose que son titre lui avait appris, c'était de connaître sa place.

Pensées: * Beau travail, Duval, beau travail... *

Shigeru Fodashi, grand intendant de la nation Izuméenne en Armenik, avait observé le débat depuis ses débuts aux côtés de Duval avec un air blasé, de grand cernes sous les yeux.

N'importe qui ayant jeté un oeil à Fodashi durant le dialogue des deux hommes aurait pu se rendre compte bien rapidement de l'agacement qu'il éprouvait envers la situation. S'efforçant de rester stoïque, il fut silencieux, immobile et garda la même expression durant tout le long des discussions.

Malgré les apparences, Fodashi n'était pas là uniquement pour les convenances. Il était non seulement curieux de savoir la version des faits du baron Malberg, mais également de connaître l'ingénieuse proposition de Duval afin de calmer les tensions.

Lorsque son compatriote Izuméen, le ryu shu Kazuma, se leva pour exprimer sa désapprobation, il ne put s'empêcher de réprimer un sourire en coin. Il camoufla se dernier bien vite derrière son masque de lassitude.

Lorsque Duval leva la séance, Fodashi se redressa paresseusement de son siège et se dirigea à l'extérieur avec les autres membres de l'assistance après avoir convenu la prochaine date de sa réunion avec Duval. En franchissant le pas de la porte, il piqua une petite course pour s'approcher de Kazuma et lui dit d'un ton amical :

-Un saké ou un thé vert vendredi prochain, chez moi, ça vous dit?

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La remarque de Kazuma avait été de près suivie par un rire gras et sans éloquence aucune. Malberg ne s'était pas gêné le moins du monde et voyant que Peter-Aris avait la situation bien en main et qu'il le soutenait, il prit un temps pour décacheter la lettre qui lui avait été donnée par celui-ci et en débuta une lecture rapide. Lorsque le Ryu shu se dirigea vers la sortie, Malberg ne bougea pas d'un poil, forçant celui-ci à le contourner ou le heurtant sans broncher. Lorsque les deux Izuméens furent sorti de la salle d'audience et que Malberg eût terminé sa lecture plutôt lente pour une lecture rapide, il plia la lettre et leva la tête vers Peter-Aris, reprenant de cette même voix rauque.

En tout cas, celui-là il ne manque pas de culot. Si j'en ai un jour l'occasion, je vais lui enfoncer ma botte si creux dans le cul que le chancre va lui venir aux moustaches, et il aura une véritable raison pour laisser toute cette merde lui sortir par la gueule.

Quant au corps armé...

Il désigna la lettre qu'il avait encore dans les mains.

Nous aurons l'occasion d'en reparler. Mes fils seront prêts le jour où Montfort viendra se mesurer à eux pour les évaluer. Ils boiront de leur propre sang pour se regaillardir et étancher leur soif d'ici là et Montfort en aura pour son argent, promesse de Malberg.

Si l'Intendant n'avait rien à ajouter, ou rien qui ne relancerait la discussion, Heinrich quitterait la salle après lui avoir envoyé des salutations adéquates et religieuses.

L'Intendant n'avait rien de plus à rajouter, il répondit donc aux salutations de Malberg, ramassa ses papiers et se prépara à partir.

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